
Le flutter auriculaire est un trouble du rythme cardiaque. Il se manifeste généralement par une accélération de la fréquence cardiaque (tachycardie) qui peut être asymptomatique ou se révéler par des palpitations. Il entraîne des risques pour la santé comme la formation de caillots et d'accident vasculaire cérébral (AVC). L'électrocardiogramme réalisé par le médecin permet d'en faire le diagnostic. La prise en charge associe le traitement du rythme cardiaque et d'une éventuelle pathologie associée, mais également la prévention des complications.
Le flutter auriculaire, qu’est-ce que c’est ?
Où se trouve le flutter dans le cœur ?
Le flutter auriculaire est un trouble du rythme cardiaque lié à une anomalie de la conduction éléctrique dans le coeur, au niveau de ce qu'on appelle les oreillettes. Cette activité électrique incessante dans les oreillettes va augmenter secondairement la fréquence de contraction du reste du coeur, ce qui explique cette accélération du rythme cardiaque.
Le fonctionnement du coeur dépend d'influx électriques qui diffusent dans le coeur (des oreillettes jusqu'au reste du muscle cardiaque) pour provoquer la contraction. Certaines pathologies du rythme, comme le flutter auriculaire, sont dûes à une anomalie de cet influx électrique au niveau des oreillettes, qui va se déclencher anormalement ou se trouver piégé et tourner en boucle à une fréquence très élevée de 200 à 300/min. Chaque influx électrique ne provoque pas forcément une contraction, certains restent bloqués sans diffuser et ne donnent pas lieu à un battement cardiaque. Mais ce phénomène augmente tout de même la fréquence globale car généralement 1 influx sur 2 provoque une activation du coeur.
Le flutter peut être permanent ou se manifester par crise. Certaines complications peuvent être graves comme la formation de caillots dans le coeur, à risque d'accident vasculaire cérébral si ce caillot remonte vers le cerveau. Ce risque peut théoriquement arriver à chaque crise sans prévenir.


Le flutter auriculaire peut évoluer, dans près de 50% des cas, vers un trouble très proche et plus fréquent qu'on appelle la fibrillation atriale. De la même manière, de nombreux patients souffrant de fibrillation atriale peuvent avoir des épisodes de flutter. Les risques et la prise en charge de ces deux troubles du rythme sont similaires, le flutter est cependant 10 à 100 fois moins fréquent que la fibrillation atriale.
Diagnostic
Le diagnostic de flutter auriculaire ne peut pas se faire à l'auscultation, il nécessite la réalisation d'un électrocardiogramme (ECG). Le flutter auriculaire se caractérise dans sa forme typique, par une déformation des ondes auriculaires en « toit d'usine».
Le bilan initial nécessite généralement d'être complété par une échographie du coeur pour rechercher une éventuelle pathologie cardiaque associée et évaluer le retentissement du trouble sur le muscle. Un bilan sanguin est également indiqué pour recherche une cause biologique. D'autres examens peuvent être prescrits au cas par cas.
Les personnes concernées
Le flutter auriculaire est un trouble du rythme cardiaque 10 fois moins fréquent que la fibrillation atriale. Les chiffres sont très variables selon les études et ils sont probablement imparfaits car le flutter touche souvent des patients également suivis pour une fibrillation atriale. Il est plus fréquent chez les personnes de plus de 60 ans.
Les facteurs de risque
Les facteurs de risque sont principalement les pathologies provoquant une dilatation des oreillettes. Cette distension des oreillettes est souvent secondaire à la présence d'un volume excessif de sang ou d'une augmentation de la pression dans ces cavités, par exemple à cause d'un reflux de sang, ou d'une résistance à son éjection en aval. On peut citer comme causes : l'hypertension artérielle, certaines maladies du coeur (coronarienne ou une atteinte des valves), ou certaines affections pulmonaires chroniques.
Flutter auriculaire : quelles sont les causes ?
Le flutter auriculaire est secondaire à des circuits de "macro réentrées" localisés dans les oreillettes. Il s'agit de fibres conductrices au niveau du coeur qui vont auto-entretenir en boucle un influx électrique, abbérant et autonome à haute fréquence, qui va à son tour entraîner une sur-activation du muscle cardiaque (augmentation de la fréquence de contraction).
Les troubles du rythme peuvent être secondaires à des pathologies cardiovasculaires, ou à des maladies non cardiaques comme l'hyperthyroïdie. Cependant dans un grand nombre de cas, aucune cause n’est retrouvée en dehors de l'âge.
Quels sont les symptômes et complications du flutter auriculaire ?
Le flutter auriculaire peut être asymptomatique, il est possible de n'avoir aucun symptôme lors de la modification du rythme cardiaque, ou se révéler par :
- Des palpitations (une fréquence cardiaque élevée) ;
- Une sensation de fatigue ou d'intolérance à l'effort ;
- Un essoufflement ;
- Une gêne respiratoire ;
- Des malaises ou encore des douleurs dans la poitrine.
Les complications sont de deux ordres. D'une part, le risque de formation de caillots dans le coeur et d'accident vasculaire cérébral (AVC) par la remontée de ces caillots vers le cerveau, mais également le risque d'insuffisance cardiaque, car le trouble du rythme sur-solicite le coeur ce qui va progressivement l'affaiblir et lui faire perdre ses capacités.
Quels sont les risques d'une ablation ?
Tout geste invasif comporte des risques, ils sont cependant rares avec cette technique. On peut citer le risque d'hématome au niveau de la ponction veineuse de l'aine, le risque de phlébite, d'accident vasculaire, d'épanchement autour du coeur, ou même de trouble de conduction cardiaque (transmission de l'influx électrique). Les complications mortelles sont extrêmement rares.
Comment se passe l'ablation du flutter ?
Il est de plus en plus fréquemment proposé une ablation par radiofréquence du circuit de macro-réentrées responsable du trouble. Cette technique représente le seul traitement théoriquement curatif du flutter auriculaire, la récidive est dans ce cas beaucoup plus rare. L'intervention consiste à insérer un cathéter dans une veine du pli de l'aine afin de le faire remonter jusqu'aux cavités cardiaques. Une fois arrivé sur la zone cible du coeur, la chaleur produite par la radiofréquence va permettre de léser la zone qui déclenche ce circuit électrique incessant.
Schéma d'ablation cardiaque

Ci-dessus un schéma d'ablation cardiaque
Comment soigner un flutter ariculaire ?
Le traitement du flutter associe la prise en charge du rythme cardiaque (ralentir sa fréquence et contrôler sa stabilité), la prévention des complications et le traitement d'une éventuelle pathologie sous-jacente (hypertension artérielle, hyperthyroïdie).
La prise en charge du rythme comprend l'utilisation de médicaments pour ralentir la fréquence cardiaque (bêta-bloquants, inhibiteurs calciques) et la restauration d'un rythme normal et stable qui peut se faire avec des médicaments anti-arythmiques ou un choc electrique externe (cardioversion) selon les situations. Les récidives de troubles du rythme restent cependant fréquentes.
Les complications, en particulier la formation de caillots et le risque d'AVC secondaire, peuvent être prévenues par la prise de médicaments anticoagulants. Leur indication dépend des facteurs de risque du patient qui vont permettre de calculer un score prédictif du risque de thrombose et d'embolie. Ces traitements sont en général prescrits au long cours du fait du risque de récidive et donc du risque de caillot à chaque épisode.
Comment prévenir le flutter auriculaire ?
La prévention du flutter passe par la prévention des facteurs le favorisant.
La détection et la prise en charge précoce des pathologies en particulier cardiovasculaires, permettent de limiter leur impact sur le coeur et donc de prévenir les facteurs favorisant l'apparition du flutter (dilatation et pression dans les oreillettes).
En cas d'apparition du flutter auriculaire, l'enjeu est la prévention des complications. L'anticoagulation au long cours est le traitement indiqué pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux.
L'opinion du médecin : Sarah Rebert
Le flutter auriculaire est souvent moins connu que la fibrillation atriale. Pourtant il relève globalement des mêmes causes, et induits les mêmes conséquences, ce qui fait que la prise en charge de ces deux pathologies est similaire.
Comme ces troubles du rythme sont souvent asymptomatiques et intermittents (paroxystiques) avec des périodes de rythme normal, il est parfois difficile d'adhérer à un traitement quotidien et chronique. Pourtant le risque reste présent même en cas de retour à un rythme normal car, en particulier en l'absence d'ablation, le flutter et la fibrillation peuvent recommencer à tout moment. Le risque de caillots et d'accident vasculaire cérébral (AVC) est donc persistant car il réapparaît à chaque épisode de récidive. C'est pourquoi il est important de poursuivre son traitement même si on ne ressent plus de symptômes.